Le pommier

Cette chanson amusante est interprétée par Antonin Delchet (appelé également Maurice), enregistré par Jean-Claude Rocher le 26 juin 1990 à Mauriac.

MS020 le pommier

Il s’agit d’une chanson à accumulation où un élément s’ajoute au fur et à mesure, à chaque couplet. Le jeu consiste à ne pas faillir, ni dans la mémoire, ni dans la diction.

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Le premier couplet est une accroche, c’est-à-dire qu’il permet de lancer la chanson, de poser en quelque sorte le décor, afin d’amener le premier refrain. Ce dernier donne la couleur et annonce ce qui va se passer : à partir de là, on sait, en tant qu’auditeur, que le chanteur lance le défi de multiplier les accumulations sans siller. Tout cela est entendu, prévu d’avance dans la mémoire collective.

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Les autres couplets sont sur un autre modèle mélodique qui varie très peu. Le refrain, lui est relativement stable :

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Mais le chanteur s’en amuse, et laisse la spontanéité lui dicter les refrains, répétant ou non « du jardin », faisant intervenir ou non en guise de conclusion « de la grange à ma tante ». Cette liberté est essentielle pour ne pas tomber dans la monotonie : il faut surprendre l’auditeur, le tenir en haleine jusqu’au bout !

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La dimension ludique des accumulations fait que l’on prête souvent ce type de chansons au répertoire enfantin. Pourtant, l’interprétation se situe sur un autre registre : « s’ils entendent pas, ils seront sourds ! » déclare le chanteur à la fin de la chanson. C’est un morceau de bravoure, de prouesse vocale réservée à de bons chanteurs. Cet aspect-là n’est pas étranger à la tradition orale, bien au contraire. Il est courant de changer la tonalité générale de la chanson, de monter. Antonin Delchet monte de plusieurs notes sur le dernier couplet. Cela se rajoute ici à la difficulté des accumulations. Le mot « jardin » permet de faire sonner la note la plus aiguë du morceau, le chanteur se fait plaisir !

La dynamique est spécifique à la tradition orale du massif central : on hésite entre le binaire (division du temps en deux) et le ternaire (division du même temps en trois). Mais cela va plus loin : certains temps forts sont plus courts, proposant une division ternaire, mais passant soudainement au temps suivant après deux croches (au lieu de trois), ce qui donne un appui raccourci, un balancement inattendu. La dynamique s’accélère à ces moments-là, toujours à l’affût d’une relance, ne se reposant jamais sur ses lauriers.

Eric Desgrugillers

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