Vielle Etc… vu par Patrick Bouffard

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« Porter la musique à domicile dans ce pays de Combrailles, qui fut un creuset de figures de proue dans la tradition de la vielle à roue… »

Voilà l’ambition dans laquelle le projet de la fête de la vielle de Fernoël et Saint-George Nigremont, organisée par l’AMTA, le CRMTL, Nigremontis et l’Amicale Laïque de Fernoël a été bâti il y a de cela quatorze ans. Déjà quatorze éditions au service d’un public local souvent marqué par la programmation d’un festival pas très commun. Patrick Bouffard, qu’on ne présente plus dans le monde de la vielle à roue, y intervient depuis dix ans en tant que conseiller artistique, et en l’occurrence fin connaisseur de la scène viellistique, afin de proposer des éclairages sans cesse différents de la pratique de cet instrument.

« Bien que ce pays fut très marqué par la présence de la vielle à roue comme marqueur culturel identitaire, avec des personnages charismatiques comme Le Poupet ou le père Piot, qui étaient des modèles du coin, cet évènement est l’occasion de faire découvrir d’autres pays de vielle. Cette année,  c’est le Morvan qui sera représenté avec Marie-France Raillard, Daniel Raillard et Raphaël Thierry. »

Faire se rencontrer différentes pratiques liées à un espace géographique précis, où a évolué la vielle à travers les temps, est une façon de rappeler combien la vielle de Jenzat, à la fin du

XVIIème siècle et jusqu’à la première guerre mondiale, rayonnait sur les musiques populaires de la France entière.

« C’est plus de 30 000 vielles qui ont été fabriquées sur 150 à 200 ans, on peut imaginer qu’il y avait un instrument par village dans ces « pays ». Mais cette notoriété de la vielle est également due aux exportations massives, que l’on doit à Pimpard en Bretagne par exemple. Aujourd’hui, il me semble intéressant de mettre en perspective à la fois la mémoire collective des populations des Combrailles, ce qu’il s’est passé chez eux et qu’ils ne connaissent  pas forcément, avec ce qui s’est passé ailleurs, avec  des stylistiques de jeu différentes. »

Parmi les moments de bal proposés, on retrouve les groupes « Diat’droles » et « Ménoline », qui représentent la volonté de développer une pépinière de talents autour de cet instrument, en invitant les jeunes générations d’aujourd’hui à se produire sous forme de tremplins, des « jeunes pousses  dont l’avenir dira plus tard ce qu’ils feront de la vielle »…

descriptionCet instrument, comme un bateau naviguant sur les eaux de toutes les modes, a en effet été bercé par les innovations les plus surprenantes : déjà à l’âge d’or de la lutherie de Jenzat, les artisans s’efforçaient de trouver l’astuce que leurs confrères n’auraient pas imaginée. Un travail de plusieurs siècles main dans la main avec les musiciens, toujours à la recherche d’un son nouveau. Aujourd’hui, c’est la vielle électro-acoustique qui remporte un franc succès auprès des musiciens actuels.

« L’organologie singulière de la vielle est probablement à l’origine de tous ces remaniements. Sans compter que c’est un instrument dont la complexité permet à la fois d’assurer un rôle mélodique, harmonique et rythmique ! Sensibiliser le public à cette richesse est un des objectifs les plus forts de la fête. Mais bien que ce soit un instrument de sonneur, on la confronte aujourd’hui aux musiques amplifiées et à l’ensemble des musiques actuelles. Il s’agit pour nous programmateurs de traiter tous ces aspects, des pratiques de tradition vivante jusqu’aux solistes de musique contemporaine qui sont aussi intégrés dans le paysage actuel viellistique. » 

Ainsi VIELLE ETC accueillera cette année une tête d’affiche particulièrement dans le vent de cette mouvance : « Électrons Libre(s) », qui fait la part belle au jeu de Benoît Michaux tout en développant une esthétique musicale propre à la  world fusion et aux musiques improvisées.

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« C’est une formule musclée qui mérite le détour, comme souvent lors de ce festival. Nous tenons le public en haleine en lui proposant des approches toujours étonnantes et dignes d’intérêt. Les populations locales, baignées dans leur propre connaissance de la vielle, sont d’ailleurs assez largement séduites de ces nouvelles formes. Ils sont généralement agréablement surpris par des choses qui se trouvaient aux antipodes de leur pratique. Parfois, cela peut aussi être un ancien, ou un collecteur qui fait part de récits truculents, qui va toucher le public plus que par les musiciens des concerts. Mais de manière générale, il suffit d’une générosité de musicien, de la sincérité de l’homme qui est derrière la vielle ou  d’un certain charisme verbal qui passe dans sa musicalité pour estomper les barrières apparentes. Ce public, qui s’agrandit d’années en années, reste une jauge intéressante car ce sont, pour la plupart, des populations rurales parfois vierges d’émotions musicales, et pourtant, l’univers imaginaire de l’instrument prend toujours les gens aux tripes. »

Pour plonger dans la légende de cet instrument mythique des sonneurs intemporels comme des expérimentateurs les plus audacieux, rendez-vous ce samedi 19 Octobre à Fernoël (63), et le 20 Octobre à Saint-George Nigremont (23) !

Retrouvez le programme complet et les contacts sur cette page :  https://amta.fr/2013/07/03/vielle-etc/

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