Éloge de la pomme de terre

Je voudrais ici faire l’éloge de la pomme de terre car Alain Gibert lui attribuait de grandes vertus et une place très particulière dans son potager.

Tout d’abord, mettre l’accent sur le fait que cette tubercule est courageuse car plongée seule dans des terres inconnues, elle se débrouille et se multiplie. Le deuxième point consiste à honorer ses formes souples, rebondies et généreuses, revêtant pour les circonstances des couleurs pouvant aller du sable au rose, en passant par le mauve comme la violette du Puy. Au passage, n’oublions pas sa générosité car sans elle, nous ne serions peut-être pas là, du moins une partie d’entre nous car nombre de nos ancêtres seraient morts de faim.Je ne veux pas faire son portrait sans omettre ses capacités protectrices quand, plantée en haut des mâts de nos tentes d’adolescents elle nous protégeait contre l’orage.

Dans nos contrées, la pomme de terre a été baptisée avec les plus beaux noms que l’Occitanie possède comme :
–      lo truffo
–      lo couco
et cela pour faire :
–      lo trufado
–      l’oligo

La pomme de terre a bon caractère car en fait elle accepte tout.
De se faire:
–      farcir
–      griller
–      dorer
–      cocoter
–      braiser
–      poêler
–      mijoter
–      éplucher
–      et même de se faire sauter
….et tout ça à l’eau, à l’huile et au saindoux

pour tout au bout se faire mettre :
–      en flocon
–      en purée
–      en frite
–      en lamelle
–      en papillote
–      en salade
–      en surgelé
–      et en alcool

Elle est de bonne compagnie et reste tout l’hiver à portée de main dans nos caves.

En fin de compte, la pomme de terre nous ressemble.

Il y a la débutante avec la Bleue d’Armorique,
la farceuse avec la Troll,
la compliquée avec la Quamantina Bianca Génovésé,
la bilingue avec la Franco-Russe,
la bosseuse avec la Trym,
la « cul-cul la praline » avec la Bonnote,
la danseuse avec la Congo,
l’énorme avec la Groseroul,
la rapide avec l’Etoile du Léon,
la déshéritée avec la Plate de Florenville,
la curieuse avec la Ratte,
celle du cac 40 avec la Sterling,
la maladroite avec la Patraque,
l’alcoolique avec la Rouge de Pologne,
la musicienne avec la Violine de Borée,
et bien sûr celle du Cantal avec la BF15,
et enfin, celle que j’aime, la Charlotte.

Dans le jardin de Coissard ces dernières années, la pomme de terre  était installée dans deux carrés au beau milieu du gazon et c’est sûrement leurs descendantes qui raconteront au mieux cet amour qu’avait Alain pour leurs congénères.

Lui, il préférait la Bintje, car elle avait de la tenue pour la flèque. Et contre la flèque, on ne peut rien si ce n’est l’arranger avec une autre espèce de patate : la péteïrole.

André Ricros.

5 Comments

  1. Laurent B.

    Pour bien commencer l’année (bis)
    Il faut s’y prendre au mois d’janvier (bis)
    Jusqu’à la Saint Sylverstre, eh bien
    Mangez des pommmes de terres et vous m’entendez bien (bis)

    Le marmot encore au berçeau (bis)
    Crie « papa » et « maman » tout haut (bis)
    Sa mère pour le faire taire, eh bien
    Lui donne des pommes de terre et vous m’entendez bien (bis)

    La bonne vieille et le bon vieux (bis)
    Assis « à cropt’on » au coin du feu (bis)
    Parlant de leurs affaires, eh bien
    Mangent des pommes de terre et vous m’entendez bien (bis)

    Les riches pour se distinguer (bis)
    En mangent à gros pleins paniers (bis)
    Pour faire voir qu’ils les aiment, eh bien
    Les avalent toutes entières et vous m’entendez bien

    Le roi Philippe à son dîner (bis)
    En mangea sans lever le nez (bis)
    Et jusqu’en Angleterre, eh bien
    Mange des pommes de terre et vous m’entendez bien (bis)

    « Chanson des pommes de terre » chantée par l’Abbé Joseph Allard (et transcrite de mémoire), Musiques du Canton n10 – Arlanc, AMTA

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