Catherine Perrier au « Hérisson Social Club »

Les 19 et 20 Mars 2016, le chant traditionnel sera à l’honneur dans l’Allier, à Hérisson, où le CdMDT03 accueille Catherine Perrier pour un stage. Pour en savoir plus sur cette nouvelle proposition du Centre Départemental de l’Allier, nous sommes allés interviewer son président, Jean-François « Maxou » Heintzein, musicien, professeur de vielle et de cornemuse, historien, membre de « l’université de Cherchologie du Centre » (sic).

  • Peux-tu nous présenter le CdMDT03, un peu de son histoire et quelles sont ses activités aujourd’hui ?

Le CdMDT03 est né au siècle dernier, à l’époque où l’on désirait mettre en réseau les acteurs des musiques traditionnelles de la région administrative Auvergne (aujourd’hui disparue). Vu l’important maillage associatif et pédagogique préexistant dans l’Allier, il se consacre à agir dans quelques « niches » délaissées :
– « Petits bals du Bourbonnais » dans des villages où les musiques traditionnelles ne sont guère représentées ;
– « Nuit des musiques traditionnelles en Bourbonnais », programmation d’un concert-bal dans une grande salle péri-urbaine ;
– Recherches & expositions (Marguerite Gauthier-Villars, Jules Devaux) ;
– « Les notes du trimestre », publications de répertoire (aujourd’hui en sommeil) ;

  1. Quel regard portes-tu sur le paysage culturel global de l’Allier aujourd’hui ?

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    « Maxou », président du CdMDT03 (© JL Matte)

À l’heure où j’écris ces lignes, il est en danger, car le Conseil Départemental a annoncé une réduction drastique de ses aides. Nul ne conteste la nécessaire adaptation aux conditions du moment, mais nos gouvernants montrent en la circonstance une méconnaissance complète du culturel. Cela relève en grande partie de leur pratique plus qu’anecdotique en la matière : hormis leur attachement aux fêtes médiévales de pacotille, la duplication sur les scènes locales de prestations inspirées de l’ordinaire télévisuel semble être leur horizon ultime. La création, les formes marginales, et donc les musiques traditionnelles, c’est terra incognita pour l’immense majorité des conseillers départementaux et leurs techniciens.

  1. Les 19 et 20 Mars, le CdMDT organise un stage au « Hérisson Social Club ». Qu’est-ce que ce lieu ? Peux-tu nous le présenter ?

10443200_333680650129947_3398222847579726104_oLe Hérisson Social Club est un bar associatif dans le village médiéval du même nom, en plein bocage bourbonnais. Autour d’Hérisson existent de nombreuses compagnies théâtrales, le « Footsbarn Travelling Theatre » a ses quartiers pas loin, Monsieur Balthazar y distille son excellent whisky, Monique Brun y élabore ses concert-spectacles… Bref un haut lieu de l’action culturelle de l’Allier, avec un rayonnement national et international. Pour l’heure, le Hérisson Social Club n’ayant jamais côtoyé les musiques traditionnelles, nous leur avons proposé de co-organiser ce stage. Ils ont immédiatement accepté. Catherine Perrier possède des amis de longue date dans l’Allier. Devant la demande de formation émanant de membres du CdMDT03 en matière de chant, son nom est apparu comme une évidence.

  1. Il y a encore des gens qui ne connaissent pas Catherine Perrier… De quoi sera fait ce stage ?

Je laisse la parole à Catherine :

« Sur le plan vocal, on s’attachera aux particularités concernant l’émission vocale, la gestion du soutien respiratoire, le timbre, et les registres. Sur le plan de l’interprétation, seront mis en évidence le phrasé, l’expressivité, les variations mélodiques ou rythmiques, et l’ornementation.

Ainsi chacun peut développer « sa » manière, tout en respectant les caractères spécifiques du chant de tradition orale francophone, auquel est emprunté le répertoire étudié L’atelier ne traite que de la monodie (chant à voix seule), et, se déroulant de façon entièrement orale, ne nécessite aucune connaissance musicale. »

  1. Dans une interview de l’Escargot Folk (un peu ancienne, certes) Catherine Perrier témoigne de sa vision du chant traditionnel :

catherine-perrier-ici-avec-john-wright-decede-l-an-passe_1894816_660x372« Lorsque je choisis de chanter une chanson de conscrit malheureux, c’est pour protester contre l’ineptie de la chose militaire. Lorsque je chante une histoire de fille engrossée [cf. la Fille de Lyon] suivie d’un sombre récit d’infanticide, c’est pour affirmer ma solidarité avec les mou

vements qui luttent pour la liberté des femmes de faire ou non des enfants. Enfin, en chantant des chansons de bergère, je revendique le droit au lyrisme et au rêve, voire à l’absurde.»

 Qu’en penses-tu ?

En disant cela, Catherine n’a pas un propos prescriptif : chacun chante pour des raisons qui lui sont propres. Ceux qui chantent en chœur le font-ils tous pour les mêmes motifs ? Dans un stage, on vise en premier lieu la formation technique, donner des éléments pour mieux chanter.

Quant au « vivre ensemble » qui me semble aller de pair avec les formes musicales que l’on promeut, il se mettra en œuvre lors du « repas chanté » du samedi 19 mars : attablés, les convives pousseront la chanson, ensemble ou chacun leur tour. Puis l’on poussera les chaises, en l’on dansera, toujours à la voix, ensemble. Alors oui, il y a une dimension politique dans nos pratiques musicales, mais le talent et l’inspiration sont des préalables nécessaires pour que cette dimension puisse être reçue de nos auditeurs.

  1. Comment s’inscrire ? Que faut-il réserver ?

Il n’y a que 15 places pour ce stage, autant dire qu’il faut se dépêcher. Le plus simple est de contacter le Hérisson Social Club (06 80 44 06 70, herissonsocial.club@gmail.com), et de signaler si l’on a besoin d’un hébergement. Il faut s’inscrire aussi pour le « repas chanté » (12 €) au même contact, avant le 14 mars.

  1. Quels espoirs et quel futur pour le CdMDT03 ?

Le futur, c’est la venue de Blowzabella en octobre prochain à Avermes. Nous en reparlerons. Et nous suivons de près les négociations entreprises par le secteur culturel bourbonnais avec le Conseil Départemental. Avec de l’espoir… (et de la naïveté, mais « la tradition, c’est comme la naïveté : quand on croit en avoir encore, c’est qu’on n’en a déjà plus ! » – H. Böll).

Contact :

J.F. « Maxou » Heintzen
Au cul de l’Église, 2 route de Lurcy-Lévis – F-03360 Valigny-le-Monial
04.70.66.60.01 / 09.62.00.40.46 / 06.87.43.63.65 – courriel : maxou.heintzen@orange.fr

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