Y en a une qui dit : je n’ai que cinq sous…

Il s’agit d’une bourrée bien connue, en particulier en Artense, enfin, que l’on croit connaître… En comparant plusieurs versions puisées dans les archives sonores, on se rend compte qu’elle se ressemblent beaucoup, tout autant qu’elles diffèrent : c’est l’histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein… tout dépend de comment on voit les choses. Et justement, puisque c’est de cela qu’il s’agit, regardons les choses minutieusement et à la loupe, afin d’y voir plus clair… Commençons donc par écouter. Voici une version que l’on peut considérer comme standard, dans la mesure où quand on l’entend, on a pas …

René Tissandier – disparition du dernier violoneux de l’Artense*

René Tissandier est mort samedi 17 février 2018, à l’âge de 92 ans. Il a rejoint son épouse Odette, décédée en 2015, qui lui manquait tant. Né en 1925, il a vécu toute sa vie dans sa ferme de Lacoste, sur la commune de Champs sur Tarentaine (15). Il y était si heureux, entouré d’Odette et de leurs trois filles Angèle, Arlette et Annie, qu’il se surnommait lui-même : « le roi de Lacoste ». C’était le plus jeune des violoneux de tradition, il avait appris le violon dès l’enfance, avant-guerre, et n’aura quasiment jamais cessé de jouer. Il se …

« C’est vieux vieux, ça! »

C’est comme ça qu’André Gatignol qualifie le morceau qui suit, une valse, enregistrée en Août 1984 à Saint-Genès-Champespe par Eric Cousteix. Aucune indication sur l’apprentissage de ce morceau, de la personne qui lui avait appris. Pas d’autre valse qui ressemble à celle-ci repérée chez les autres violoneux du coin (en tout cas pour le moment…). Un grand mystère entoure ce morceau d’apparence si simple. Mais bien évidemment, en y regardant de plus près, la simplicité s’effrite rapidement. Si nous ne pouvons lever le mystère de la provenance éventuelle de cet air (nous faisons à ce titre appel à la connaissance …

Le pas du loup

Ce titre étrange est donné à un morceau qui fait partie des « tubes » du répertoire de tradition orale du Massif Central, à tel point qu’on le retrouve à de nombreuses reprises dans les archives sonores anciennes et récentes, ainsi que dans les sessions de « boeuf » musical qui essaiment nos cafés et nos festivals. Il fait même partie du répertoire des groupes folkloriques ! Une telle popularité, un tel partage est assez surprenant. On peut distinguer deux formes de ce morceau : la version dite standard, en trois parties, popularisée par les Auvergnats de Paris et Martin Cayla (celle qui est …

Joseph, le 22 juillet 1987…

Il y a 30 ans, Eric Cousteix et José Dubreuil ont eu la bonne idée d’aller enregistrer Joseph Perrier, joueur de violon de Pérols, sur la commune de Champs-sur-Tarentaine dans le Cantal. Malheureusement, il avait les doigts gourds, il était fatigué et n’avait pas très envie de jouer. Et tant mieux!! car il s’est lâché, comme on dit! Il a joué quarante-six morceaux, d’une qualité artistique irréprochable, dont voici une petite pépite, le tout dernier de l’enquête : « Réveillez-vous mes chères âmes » Et si vous avez envie d’écouter les quarante-cinq autres (ce qui est fortement recommandé!), il faut cliquer ici

Pyrame et Thisbé

Ce mythe romanesque bien connu depuis Les Métamorphoses d’Ovide est un des rares à avoir traversé la tradition orale en venant tout droit de l’Antiquité. Quels que soient les chemins qu’elle a empruntés pour arriver jusqu’à nos oreilles, cette histoire devenue pour nous une chanson présente quelques particularités. Pyrame et Thisbé est une des grandes chansons de la tradition orale présentant un texte long et des mélodies édifiantes. Pourtant, dans son catalogue de chansons, Patrice Coirault ne l’a pas référencée, ne l’ayant pas considérée comme véritablement traditionnelle ou l’ayant oubliée. Aujourd’hui, on s’accorde à l’inclure auprès de « l’Escrivette », par exemple, …

Jean-François Dutertre

Jean-François Dutertre nous a quittés il y a peu. Chanteur, musicien, chercheur et collecteur, il avait eu l’idée de déposer dans les centres des régions concernées les originaux de ses fonds, de façon à les faire connaître, à leur donner une seconde vie après la sienne. Sans connaître personnellement la jeune équipe de l’AMTA, il lui a confié la sauvegarde et la valorisation de ses enregistrements concernant le massif central. Quelques bandes magnétiques données dans un sac rouge dans le hall sud de la gare de Nantes… quelques feuillets aussi, égrainant des noms que nous connaissions déjà, mais que nous …

Des bourrées de Brandely

Un des aspects les plus surprenants des musiques traditionnelles du massif central est de se mouvoir à la façon d’une anguille : on croit tenir quelque chose, et puis non, ça vous glisse entre les doigts. C’est un peu l’effet que fait l’écoute du violoneux Jean-Marie Brandely, que vous avez déjà découvert à travers quelques scottishes, l’été dernier. Sa façon particulière de jouer les bourrées nous a interpellé, car elle ressemble au premier abord et en apparence assez peu de ce que l’on connaît des violoneux de l’Artense et des monts de l’ouest du Puy-de-Dôme : Il s’agit du « tant …

La bourrée des anciens

Non, il ne s’agit pas de la révélation d’une archive oubliée, c’est simplement le titre du morceau qui suit et qui est interprété par Fernand Fabre, joueur de cabrette, enregistré à Montaigut-Le-Blanc, près de Champeix dans le Puy-de-Dôme, par Anne Garzuel et José Dubreuil, le  le 29 juillet 1989.   Je dois avouer les questions sans réponses qui entourent ce morceau et la pratique de Mr Fabre. Originaire de la région de Besse, ses parents tenaient un café entre Besse et Egliseneuve où il a pu observer des danseurs. Dans cette enquête, pas un mot sur son apprentissage ou sa pratique. …

Les transformations [2]

Cette chanson évoquant une poursuite amoureuse est issue du fonds sonore enregistré par Jean Dumas. Elle est enregistrée auprès de Marie Rigodias, dite « La Fouine », le 13 juillet 1960 au Montel de Saint-Remy-sur-Durolle. À la première écoute, on peut être frappé par la beauté étrange de cette mélodie dont la couleur semble plutôt mineure, mais qui hésite tout le temps entre les deux modes majeur et mineur.  À la seconde écoute, en suivant la cadence sur le bord de la table, on s’aperçoit de la vitesse assez élevée du tempo et de sa régularité, malgré quelques notes en suspension. En fait, …