Pierre la Piaille

« – Je vous jure ! Il répétait inlassablement ces trois mots, comme pour relancer sans cesse le moteur de sa logorrhée. C’était une sorte de tampon verbal, qui avait dans sa folie une grande valeur officielle, presque institutionnelle. C’était un certificat, en bonne et due forme, et pour accentuer sa bonne foi il insistait lourdement sur le « r » final qu’il roulait non sans un plaisir évident. « – Je vous jure ! Pierre La Piaille jurait pour tout. Il vous jurait que les chevaux ne dorment jamais, il vous jurait que son oncle avait été ministre, que la soupe, même chaude, est toujours …

Nous

  Je suis le frère de ma sœur et moi, la sœur de mon frère – Je suis le plus jeune des deux. Durant toute mon existence, je n’ai cessé d’admirer ma sœur. Elle était magnifique et l’attention qu’elle me portait me comblait. Nous avions des conversations sans fin sur tous les sujets et son point de vue éclairait mes interrogations, donnait du sens à mes doutes et créait une confiance face à laquelle j’étais sans nul doute démuni. Elle avait cette force tranquille que certaines femmes ont par nature, une assurance et une détermination sans limite qui en faisait …

A hauteur de chien

Cet animal domestique qui de toute évidence doit rêver de se dresser sur ses pattes arrière pour tenter d’inverser les rôles avec les hommes qui depuis l’aube des temps n’ont cessé de le dresser, de l’asservir, de le faire marcher, courir, s’asseoir à la baguette, de lui donner des ordres et de lui crier jusqu’aux tréfonds de ses oreilles mobiles pour que ces mêmes ordres lui soient entendus de toute part, couché, assis, à la niche et au pied, méritait que quelqu’un se mette à sa portée. C’est exactement ce que fit notre homme en sacrifiant la partie de son …

Les conscrits de Brassac-les-Mines (suite…)

Photographie du 3 juillet 1924, de J. Bonnefoy   …Tout en passant d’un visage à l’autre, tous ces visages me devenaient de plus en plus familiers, je me sens tout particulièrement attirée par celui de la jeune fille au troisième rang à gauche, en partant du bas. Cette jeune fille semble appartenir à un autre monde. Elle dépareille totalement du reste du groupe. On dirait même qu’elle porte un masque, celui d’un personnage de fiction dans un film muet des années 1930.  Évidemment, je ne néglige pas le sort très difficile des femmes et jeunes filles vivant dans les départements …

Les conscrits de Brassac-les-Mines

Photographie du 3 juillet 1924, de J. Bonnefoy   A la première rencontre avec cette photographie de Brassac-les-Mines du 3 juillet 1924, je suis restée là, dévisageant, zieutant tour à tour chaque personnage d’un œil lointain, étranger. Toutefois, en m’y attardant un peu, mon regard devenant de plus en plus curieux, plus fouineur, plus indiscret, je m’aperçois que J. Bonnefoy, l’auteur de cette photographie, a effectué cette prise de vue à l’occasion de la sortie du conseil de révision pour immortaliser cette journée, la présence des musiciens laisse préjuger d’une suite festive. Cette photographie éternise donc le rite de passage …

Trois moustaches (suite… et fin)

Trois inconnus arborant moustaches furent pris par l’œil d’un professionnel de la photographie pour preuve le dos des ces trois épreuves. L’on peut d’ailleurs en profiter pour établir quelques remarques d’importance dans le cadre de leur profession. L’un arbore ses médailles dans les sous les …et parle de grande photographie moderne où il précise qu’il possède un salon de pose. Il indique également qu’il conserve les clichés de ses clients et qu’il peut réaliser des agrandissements et des reproductions ainsi qu’une chose qui a aujourd’hui disparu des pratiques des photographies et familiales des portraits d’après …Le second, … à Paris, …

Trois moustaches (suite…)

Trois inconnus arborant moustaches furent pris par l’œil d’un professionnel de la photographie pour preuve le dos des ces trois épreuves. L’on peut d’ailleurs en profiter pour établir quelques remarques d’importance dans le cadre de leur profession. L’un arbore ses médailles dans les sous les …et parle de grande photographie moderne où il précise qu’il possède un salon de pose. Il indique également qu’il conserve les clichés de ses clients et qu’il peut réaliser des agrandissements et des reproductions ainsi qu’une chose qui a aujourd’hui disparu des pratiques des photographies et familiales des portraits d’après …Le second, ….à Paris, ne …

Trois moustaches…

Trois inconnus arborant moustaches furent pris par l’œil d’un professionnel de la photographie pour preuve le dos des ces trois épreuves. L’on peut d’ailleurs en profiter pour établir quelques remarques d’importance dans le cadre de leur profession. L’un arbore ses médailles dans les sous les …et parle de grande photographie moderne où il précise qu’il possède un salon de pose. Il indique également qu’il conserve les clichés de ses clients et qu’il peut réaliser des agrandissements et des reproductions ainsi qu’une chose qui a aujourd’hui disparu des pratiques des photographies et familiales des portraits d’après …Le second, …. à Paris, …

1924 Les conscrits de Brassac-les-Mines – Episode 3

  … Pour finir ce voyage au cœur de cette photo de conscrits, il me reste à parcourir le circuit des hommes en partant du deuxième rang et en grimpant sur les bancs jusqu’au quatrième étage et ce toujours de gauche à droite. Le premier est trop inquiet pour retenir notre attention. Le regard du deuxième aurait pu être le bon, du moins il mérite que l’on salue sa fraîcheur et sa nature ouverte où sa curiosité me frappe, mais lorsque je le compare avec celui que j’ai déjà désigné son manque de maturité fait que je le laisse dans …

1924 Les conscrits de Brassac-les-Mines – Episode 2

  …Je vais commencer donc par les hommes de l’orchestre assis au premier rang en allant cette fois de gauche à droite. Le joueur de grosse caisse est le plus âgé de tous les hommes de cette photo et on sent en lui une fatigue qui se lit sur son visage. Le joueur de violon semble être ailleurs, habité par un esprit qui le déborde. Je profite de cette remarque pour attirer votre attention sur la beauté de sa chevelure. Le joueur de trombone à pistons paraît n’avoir que peu d’ambition, se limitant et se satisfaisant de son état. Le …