Bourrée à Peyrat / Bourrée à Chabrier

L’Armoire Bleue

 

Clémence Cognet, violoniste du groupe L’Armoire Bleue nous présente une suite de bourrée que le groupe a enregistrée sur son album paru en juillet 2012. Il s’agit ici d’expliciter ses choix par rapport au morceau, à l’arrangement, de dévoiler quelque peu le passage entre des documents de collectage et des pièces contemporaines.

peyrat chabrier

Le choix des morceaux

Pour commencer, nous avons choisi ces morceaux afin de compléter notre répertoire de bourrées en vue de l’enregistrement. Nous sommes très sensibles dans le groupe aux musiques de violon ce qui nous a amené à écouter Léon Peyrat et Antonin Chabrier, deux violoneux au répertoire aussi riche que vaste.

Bourrée à Peyrat

Le relevé est réalisé à partir de la première reprise et est écrit en ton de Do pour faciliter la lecture.

Pour la première, celle de Léon Peyrat, la mélodie nous a accrochés tout de suite, notamment cette pause/pose sur le premier temps. La structure du morceau nous plaisait beaucoup : le fait qu’il y ait 4 parties sans hiérarchie apparentes (les 2 dernières sont-elles des ritournelles ou des parties de la bourrée ?) rendait le morceau très séduisant et ouvrait un champ de possibilités multiples pour l’agencement de ces éléments.

 

Bourrée à Chabrier

Celle de Chabrier, ce n’était pas une découverte, nous la connaissions tous les trois de longue date et avions tous envie de l’enregistrer. Ne voulant pas la jouer seule, nous avons trouvé celle de Peyrat et les avons associées. Les caractéristiques de la bourrée de Chabrier s’apparentent aux singularités de jeu de ce violoneux. Elle est jouée en « coulé » avec un aspect très dynamique alors que celle de Peyrat n’est pas jouée en « coulé » mais elle est plus posée. Nous avons souhaité jouer avec ces différences d’énergies, prenant comme appui la ressemblance des débuts des mélodies.

Débuts Peyrat et Chabrier

L’assemblage

L’idée n’était pas de jouer une bourrée puis l’autre mais de les faire revenir chacune plusieurs fois. Par ce biais, à la fin, on se sait plus laquelle est quoi, ça devient une autre bourrée, nouvelle, une bourrée de l’Armoire Bleue. Les mélodies se ressemblant, le principal élément discriminant est le caractère, tantôt « posé » pour Peyrat ou plus « enlevé » pour Chabrier.

Pour l’assemblage à proprement parlé des deux morceaux, nous avons pris les parties C & D de la bourrée à Peyrat pour en faire une ritournelle qui revient entre chaque bourrée. Appartenant à la bourrée de Léon Peyrat, ces parties sont -à priori- un autre élément de différenciation des deux mélodies. Nous avons préféré en faire un lien, un pont entre les deux mélodies, en alternant les appartenances. Nous jouons cette ritournelle avec des caractères différents selon que l’on vient de l’univers de la bourrée à Peyrat ou de celle de Chabrier. On passe d’une bourrée à l’autre, d’un caractère à l’autre, dans une sorte de tourbillon mélodique.

Le temps

Sur cette piste, il y a un jeu avec le temps. Il est parfois distendu, parfois plus compressé. Quand on passe de Chabrier à Peyrat, on effectue un changement de temps, on modifie les durées. On pourrait comparer cela à un énorme coup de frein, on étire au maximum la première note contrairement à Chabrier où on lâche tout de suite le reste de la mélodie.

Au final, nous sommes partis de mélodies qui nous plaisaient et nous sommes rentrés dans la « matrice » de ces morceaux, dans des éléments qui nous semblaient remarquables. Cela nous a amené à engager un travail sur l’aspect dynamique et sur l’élasticité du temps, le tout dans un souci de mélange des formules mélodiques.

Avec l’Armoire Bleue, il me semble que nous ne sommes pas dans « comment on accompagne telle ou telle mélodie », on ne la prend pas en bloc mais on plonge à l’intérieur pour en trouver l’ADN. C’est l’option que nous avons prise en groupe pour s’attaquer à la musique de violon avec seulement 1 violon sur trois. On s’oblige à aller voir en quoi c’est une bourrée de violon et comment on la réadapte avec d’autres instruments, comment on met en exergue des traits violonistiques avec d’autres instruments.

SON ENTIER

Clémence Cognet et Jacques Puech

2 Comments

    1. jacquesp

      Comme c’est indiqué dans l’article, la première a été collectée auprès de Léon Peyrat et l’autre auprès d’Antonin Chabrier. Cela ne correspond qu’aux sources qui nous ont servi de support à l’arrangement et à l’enregistrement. Alfred Mouret, bien que je n’en connaisse pas de trace, a très bien pu jouer ces bourrées là.
      Par rapport au stage, il est possible que Clémence se soit trompée ou ait inversé avec une autre. Cela a peu d’importance, c’est ce qu’on en fait qui est important.
      Bien à vous

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.