GERMAINE

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Il faut bien l’avouer, au tout début,  ce n’est pas ELLE que nous allions voir

ELLE était là, toujours heureuse de nous accueillir, souriante, attentive.

ELLE nous aidait à faire sortir le violon de la boîte lorsqu’il se faisait prier pour jouer, en bon comédien qu’il était.

Nous sommes à la fin des années 1970, en Artense, à Perols commune de Champs sur Tarentaine dans le Cantal.

ELLE, c’est Germaine Perrier épouse de Joseph Perrier violoneux artensier de renom, artiste de grand talent.

Dans notre fringale d’apprendre du répertoire, des techniques et de comprendre cette culture, nos regards, nos oreilles, nos paroles sont tendus vers l’artiste.

ELLE, discrète, ne perd pas un mot de toutes ces situations et veille à ce que chacun d’entre nous se sente le bienvenu et ne manque de rien.

« Un petit gâteau ? »

« Du café ? Du sirop ? »

Elle est douée d’une excellente mémoire ce qui lui permet de se souvenir des liens familiaux ou amicaux des uns et des autres, c’est ainsi qu’elle demande des nouvelles d’une mère qu’elle ne connait pas mais qu’elle sait malade,

D’un enfant qu’elle a connu bébé et qui a maintenant 20 ans !527 Fi 808

D’une amie américaine qu’elle a particulièrement appréciée….

Elle aussi donne des nouvelles d’un qui est maintenant à Lyon et qui est passé dire bonjour à Noël,

D’une autre qui s’est marié mais « que ça a pas l’air de trop marcher »…

Ainsi, elle tisse une sorte de toile d’araignée en instaurant des liens entre personnes qui ne se connaissent pas forcément, mais qui, au bout du compte, font partie de la famille, cette famille qui s’est construite autour de Joseph et son violon et qui a immédiatement aimé celle qui a permis cet agrégat de jeunes « originaux » venus déranger leur quotidien.

« Il en est passé du monde ! »

Ils se sont tous les deux laissés bousculer avec tendresse,

Nous sommes revenus –souvent-

Nous les avons aimés

Ils nous manquent

 

Dix années après Joseph, Germaine nous a quittés le 27 mai 2013

José Dubreuil

5 Comments

  1. savouret alain

    merci José…très ému…j’ai eu l’immense chance d’être « du monde qu’est passé », pas seulement lors des festivités violonistiques mais aussi « en têtes à têtes », passage impromptu mais combien délicat, précieux…j’ai gardé une photo prise au moment où je les quitte, elle devient, pour ma mémoire, encore plus « lourde »depuis cette fin Mai…

  2. BONHOMME

    Tu as bien raison José , c’est bien grâce à Germaine , à sa gentillesse et à son sens de l’accueil que tant de musiciens sont venus partager un moment de musique avec Joseph.Elle savait créer l’atmosphère propice et faisait tout pour que chacun se sente le bienvenu chez eux….ainsi Joseph était heureux , et pouvait s’adonner à sa passion : le violon . Et Germaine aussi était heureuse , pouvant discuter , échanger avec des gens de tous horizons ,elle qui avait l’esprit si ouvert et aimait les rencontres. Pour nous , Germaine et Joseph sont indisociables ,ils étaient comme des grands parents d’adoption et ils nous ont donner beaucoup d’amour et d’instants magiques de bonheurs simples. Merci encore à eux deux …..merci Germaine et adieu.

  3. Merci José pour ces belles paroles, qui disent si bien ce que plusieurs d’entre nous peuvent ressentir. En tant que l »amie américaine » (si jeune dans la photo!), ou comme Germaine m’appelait toujours « la petite Mira » s’émerveillant chaque fois que je venais la voir que « tu ne nous a jamais oublié », la mort de cette femme si extraordinairement fine, ouverte d’esprit, chaleureuse et d’une honnêteté des fois brutale mais toujours « vraie » met, comme tu le dis, fin à une époque. On lui doit beaucoup, comme à tous ces « vieux » avec qui nous avons partagé notre jeunesse bien partie aussi maintenant. Non, Germaine, jamais je ne vous ai oublié et jamais je ne vous oublierai.

  4. Marine

    Ton texte est comme tous tes autres textes magnifiques.
    je n’ai pas trop de souvenirs étant petite de Germaine et Joseph, mais je me souviens très bien la dernière fois que je suis venue avec toi la voir. Elle nous expliquais son quotidien, ses petites habitudes. Elle s’étonnait de me voir aussi grande, vue qu’elle m’avait pas vue depuis longtemps.
    J’ai adoré la petite balade que nous avions faite toutes les 3 où elle nous montrait la bibliothèque, la supérette et tous ces endroits où elle avait l’habitude d’aller.
    Un petit bout de femme avec une si grande histoire…

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