Souvenir de Musette, ou la java d’un saxophoniste du Cézallier qui était monté à Paris

Albert Faucon, saxophoniste et accordéoniste a marqué les esprits des musiciens du Cézallier qui se souviennent encore de lui, de sa musique et de sa réputation. « Un son comme ça, j’en avais jamais entendu! » dit Gilbert Vallon, saxophoniste et batteur originaire de la région d’Ardes-sur-Couze pour qui Faucon a été une véritable révélation musicale et initiateur d’une vocation à vie.

Albert FAUCON

 

À son époque nouveauté de nos plateaux, le saxophone de Faucon fera des émules, soutenu à merveille par l’accordéoniste Marcel Plane en particulier. Avec Alexander, et d’autres, Albert Faucon fait partie de ces saxophonistes français qui ont gravé sur 78 tours les nouvelles musique à danser de l’entre-deux-guerre. Martin Cayla, cantalou et pionnier de l’édition de phonographique à Paris ne rate pas cette occasion et enregistre l’accordéoniste Galvaing et le saxophoniste Faucon, accompagnés d’un banjoiste (probablement Real’s, mais les banjoistes sont souvent oubliés des étiquettes) sur le disque « Le Soleil » n° 349 :

https://amta.fr/wp-content/uploads/2013/11/Le-Soleil-349A-Souvenir-de-musette-java-valse-Galvaing-Faucon-AMTA.mp3

L’accordéon est devant et semble mener la mélodie. On entend bien le saxophone à l’unisson sur la première partie qui est répétée. Voici la partition de l’ensemble, avec en plus petit ce qui est joué par l’accordéon.

souvenir - Faucon

On reconnaît parfaitement, malgré la qualité moyenne de ce vieil enregistrement, le son rond et chaud des saxophones français de l’époque. Le jeu est très lié, vibré de façon ample dans la durée et courte sur l’amplitude. Le son glisse à la façon d’une voix, ça ne cuivre pas trop. Le 78 tours n’étant pas de première jeunesse il est difficile d’entendre les attaques du son, mais les piqués sont précis, les ornements souples et discrets. Ce n’est pas le son du jazz américain, pas encore en tout cas, et c’est ce son-là, pour ceux qui l’ont croisé et qui ne le connaissaient pas qui est resté inoubliable.

Cette java-valse présente un tempo modéré, mais pourtant vif. C’est précisément cette cadence, avec son rythme oscillant entre ternaire et binaire, qui a influencé de façon unanime l’interprétation des mazurkas que l’on a collectés sur le territoire du Massif central. Les chromatismes sont typique de cette époque et de ce répertoire, qui n’est plus traditionnel, mais qui en garde l’esprit et en « vole » la popularité.

Pour nos oreilles modernes, ce sont de vieux enregistrements, un peu frippés… Mais il y a moins d’un siècle, quatre-vingt ans peut-être, à peine le temps d’une vie humaine, cette musique-là était toute neuve et était en train de changer à jamais le visage des musiques traditionnelles, en lui donnant de nouveaux interprètes, de nouveaux répertoires et de nouveaux instruments. A peine une vie humaine, et cette musique semble déjà oubliée! Oubliée? pas exactement non! Les empreintes sont profondes dans les mémoires, elles ne sont pas suffisamment dites, c’est tout!

L’initiateur Albert Faucon a fait des petits, alors, saxophonistes, titillés dans l’ombre par la mazurka, la java, la valse et la bourrée, qu’attendez-vous?

Eric Desgrugillers

Pour entendre parler d’Albert Faucon et écouter les paroles des habitants du Cézallier : c’est ce Week End : Le Samedi 23 novembre 2013 à 16h à la salle polyvalente d’Apchat (63420) Dimanche 24 novembre 2013 à 16h à à la salle polyvalente de Marcenat (15 190)

Albert Faucon avec Henri Delfau (accordéon) et Real’s (?) (banjo)

2 Comments

  1. Bernard

    Bonjour Eric,
    Je cherche la transcription des paroles de la bourrée « los garcons da ve Journia » chantée par Jean Chabozy. Est ce que l’AMTA a ça dans ses cartons?
    Merci
    B. Maffre

  2. Claude Flagel

    Bonjour,
    Quelques banjoïstes ont joué le répertoire auvergnat en rejoignant les cabrettaires et les accordéonistes porteurs de cette musique. Il est peut-être intéressant, quand la chose est possible, de distinguer le banjo 4 cordes du banjo-guitare utilisé dans cet extrait.
    Cordialement,
    Claude

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