« Paluche » Cabotin

Elie-PanouillièreElie Panouillère faisait partie des chanteurs que j’ai longuement écoutés, réécoutés et re-réécoutés,  au fil de mes recherches personnelles en vue d’une éventuelle topographie sonore de cet étrange pays d’où je viens et que l’on nomme les Combrailles. A ce titre, l’annonce de son décès m’a pincé le cœur comme l’on épingle les papillons sur le liège d’un musée. De Lili Panouillère, il nous restera, gravée comme un réflexe de survie en cas de sinistrose, sa chanson à accumulation, « Maréchal Mon Ami », reprise en chœur par la jeune génération des apprentis Brayauds que nous étions et dispersée encore et toujours aux quatre vents de nos pérégrinations et de nos nuits de fête.

« Lili » pour ses proches, « paluche » pour tous ceux qui le côtoyaient ou en avait entendu parler, était ce qu’on appelle une « figure » du canton de Saint-Gervais d’Auvergne. Né en 1924 et infatigable bricoleur, il était surtout connu pour ses chansons, ses talents d’acteur et son goût très prononcé pour la farce et la badinerie.

« J’ai toujours aimé rire, j’ai toujours aimé faire rire. Depuis l’école, on me disait : viens, tu vas nous faire du théâtre ! J’ai toujours aimé les gens. »

Si vingt ans de sa vie ont été consacrés au métier de scieur de long, il a exercé pléthores de petits métiers manuels, toujours flanqué d’une paire de menottes solidement rodées à l’apprentissage des subtilités de tel ou tel ouvrage. Il pratiquait par ailleurs la vielle à roue en dilettante, comme ce fut le cas pour de très nombreux habitants des Combrailles, en tout cas pour tous ceux qui avaient « le sens de l’expression plus développé que les autres ».
En effet, « Paluche » était un comédien, l’éternel Père Noël de Saint-Priest, un histrion du quotidien qui rallumait, avec ses chansons aux frontières du style paillard, les éclats de rire dont chacun avait besoin.  Certes, ses tubes, hérités du tonton Lardy ou d’on ne sait où, ne signaient pas un talent de mélodiste ou d’interprète  remarquable, mais il les braillait, la face fendue d’un sourire prêt à engloutir le reste du visage, comme des histoires à bras ouverts qui vous enlacent et vous tapent sur l’épaule. Souvent à son écoute, on s’éloigne du rythme de la danse pour suivre avec attention les inflexions du conteur, qui n’hésitait pas à fleurir ses refrains d’onomatopées en ribambelles, illustratives ou purement décoratives. Du « cul de sac » dans lequel il habitait avec bonheur – il disait que les jeunes filles, si elles y arrivaient, n’en repartaient plus -, Lili Panouillère brandissait sa joie de vivre avec malice au beau milieu des froidures d’un pays à remodeler constamment.

Wilton.

A revoir, le film d’André Ricros sur Elie dans « Les Femmes et les Hommes des Combrailles » : 

St Priest des Champs

One comment

  1. genebrier michelle

    je n’ai jamais connu Monsieur Panouillere sous cet angle la, et je le regrette fortement. Dans nos cœurs , a nous les soignants il restera un Grand Homme aussi modeste que bon. son sourire, sa gentillesse et sa façon de nous appeler  » ses petites » resteront marqué dans nos cœurs a jamais . Au revoir Mr Elie

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