le joueur d’harmonica de Channat

L’harmonica est en quelque sorte « le vilain petit canard » des instruments traditionnels de nos territoires, pourtant tout aussi répandu que l’accordéon ou le violon. Heureusement, plusieurs collecteurs ont eu la bonne idée d’enregistrer quelques informateurs, praticiens de « l’accordéon du pauvre ». Celui qu’Eric roux a trouvé à Channat, à côté de Saint-Ilpize dans le Brivadois, est particulièrement intéressant… Pour tout écouter (beaucoup de témoignages et quelques morceaux) : Enquête auprès d’un joueur d’harmonica de Channat de Saint-Ilpize Pour écouter un peu plus d’harmonica du massif central et d’ailleurs : ici      

Des scottishes au petit-déj’

Ces trois scottishes sont interprétées par Jean-Marie Brandely, violoneux de Fenestre, et ont été enregistrées un certain 29 juillet 1989 par José Dubreuil. Ayant eu récemment l’occasion de croiser cette dernière dans les locaux de l’AMTA, c’est la voix chargée d’émotion qu’elle m’a évoqué le personnage de Jean-Marie Brandely, sa belle musique, les moments inoubliables passés en sa compagnie et les succulentes madeleines préparées avec amour et talent par son épouse : Madeleine ! Dans cet enregistrement, on peut entendre José Dubreuil demander à Jean-Marie Brandely de jouer une mazurka « avant le petit-déjeuner », et là, surprise !   Jean-Marie Brandely n’interprète pas une …

La pintonèta

Prononcez : « la pientounèt(a) », ce qui veut dire : « la toute petite pinte », désignant par extension et euphémisme un récipient suffisamment grand pour boire un bon coup… Le morceau qui porte ce titre est interprété par Laurent Richard au chant et à l’accordéon. Il est originaire du Boissial de Berbezit dans le pays de La Chaise-Dieu et a été enregistré à Reilhac, près de Langeac en Haute-Loire, par Yves Becouze et Christine Demonteix en 1992. Une petite chanson qui ne paye pas de mine à première vue, avec une mélodie simple et des paroles dont la philosophie n’est plus à …

On prend les mêmes et on recommence ! (Combrailles au diatonique 3)

L’image des musiques traditionnelles en France, et plus particulièrement en Auvergne, est composée de certains clichés qui ont la peau très dure. Par exemple, je cite : « Oui, mais la musique trad’ c’est pas très varié, c’est répétitif, quand même? ». Et bien c’est vrai (dans une certaine mesure) ! Mais cela mérite quelques explications… Frédéric Paris est venu déposé à l’AMTA, il y a quelques temps déjà, une bande magnétique contenant l’enregistrement d’une veillée à Servant dans les Combrailles, entre 1975 et 1980, où trois hommes jouent de l’accordéon diatonique : Germain Bideau, René Lesme et un inconnu. À l’oreille il n’est …

Rossignolet bu bois

La chanson dit : « Le printemps est venu, j’entends les alouettes… » Dans la chanson de transmission orale (c’est-à-dire qu’on entend et qu’on redit), quoi de plus naturel de parler des oiseaux? D’autant plus si l’oiseau en question est reconnu dans l’imaginaire populaire comme un bon chanteur ! Le rossignol, qu’on entend la nuit et qu’on voit peu, et dont le chant surprend celui qui l’écoute, cristallise suffisamment de mystère pour tenir le premier rôle, même si l’alouette n’est pas loin. On lui met tout sur le dos : il doit supporter les peines des humains, traduire leur langage, leur apprendre à …

Les scottishes d’Albert Pralong

Joueur d’accordéon diatonique et chromatique de Chalencon en Haute-Loire, Albert Pralong a été enregistré en août 1973 par Jean-François Dutertre, Jean-Loup Baly et Emmanuel Lazinier, en cachette de sa femme qui n’appréciait guère que son mari joue de l’accordéon. Dans son répertoire fait d’airs de danse de bal, une part belle est faite aux scottishes, dont l’interprétation a attiré notre attention. En fait, son véritable instrument est l’accordéon chromatique sur lequel il développe un jeu souple et rythmique à la fois, mais il avait débuté sur un diatonique. Les collecteurs lui en ont prêté un pour l’enquête, et on reconnaît …

De la bourrée qui ne se danse pas…

Toutes les bourrées ne sont pas nécessairement jouées ou chantées pour la danse. En témoignent les deux extraits qui suivent et qui ne sont qu’un aperçu d’un répertoire assez vaste et méconnu : la chanson sur un rythme de bourrée. Pour y voir clair, trier les éléments de nos connaissances, nous avons souvent besoin de catégoriser, de classer, de mettre un mot, une notion sur des faits. Mais les faits dépassent souvent nos cadres étroits. Par habitude, nous opposons la chanson narrative en rythme libre à la musique à danser, contrainte par les pas de danse. Mais les choses ne sont …

La bourrée à un temps (l’harmonica en Auvergne 3)

Non, il ne s’agit pas d’un nouveau genre de bourrée (après la « deux temps » et la « trois temps ») que nous propose à l’accordéon et à l’harmonica Louis Crégut, enregistré à Champeix en juillet 1989 par Anne Garzuel et José Dubreuil, mais du répertoire classique puisé parmi les éternels tubes de la musique auvergnate. Deux morceaux, « La moralhada » et « Les garçons de la montagne » (« De que veniatz cherchar » en occitan), déjà mille fois entendus… Mais comme disait un jazzman dont j’ai égaré le nom : « l’important n’est pas ce que l’on joue, c’est comment on le joue ». Voici donc nos deux …

Le joueur de flûte à la voix

Joseph Sicard est enregistré par Eric Roux en 1981. Il n’est ni accordéoniste, ni vielleux, ni cornemuseux : c’est un joueur de fifre, comme on en trouve dans la région de Brioude et de Langeac en Haute-Loire. Passant indifféremment du grave à l’aigu, mais avec une belle palette d’ornementation, il interprète ici le début d’un tube du nord-est de la Haute-Loire : La Youska… Mais attention! cette enquête surprenante réserve bien des surprises : le fifre ne répondant pas suffisamment aux exigences du musicien, Mr Sicard se met donc à chanter, dans le style des plus grands chanteurs de bal …