Compagnie Leon Larchet – 10 ans

Jeudi 27 novembre la Baie des Singes célébrait en public les 10 années d’existence de La Compagnie Léon Larchet. Virginie Basset et Jac Lavergne ont partagé la scène avec d’autres artistes amis : Pierre Fernandès, Malik Adda, Raphaël Fernandez et Marcel Mut. Mariecke De Bussac a introduit la soirée par la lecture de textes « réflexion-bilan » de Virginie et Jac dont vous pouvez prendre connaissance ci-après. En dix ans ils n’ont pas chômé… contrairement à ce qu’est leur statut !

Compagnie Leon Larchet

La Cie Léon Larchet a 10 ans,

Comme ça passe vite… sans doute parce que ces 10 ans ont été très riches – dois-je préciser qu’il ne s’agit pas de richesses matérielles ?

Alors, riches de quoi ?

Riches de créations : 13 spectacles de tournée plus de nombreux événements; 9 disques

Riches de représentations : plus de 400 fois la Cie a joué sur scène en concert, en bal, en jeune public, sur les chemins, pour le patrimoine, même pour le sport, et surtout pour le plaisir…

Riches de compagnons : 72 artistes, techniciens et administrateurs ont participé à ces spectacles, et 261 adhérents soutiennent notre travail Parmi ces compagnons je voudrais citer seulement un nom, celui de Gérard Douvizy, fondateur de Léon Larchet, dont la poésie musicale continue de nous accompagner.

Riches de structuration : c’est étonnant la façon qu’a notre société de demander aux artistes des Cies comme la notre de tout savoir faire… tout en considérant que ces mêmes artistes sont marginaux, ne font pas vraiment un travail d’ailleurs, puisque c’est avant tout leur plaisir !
On imagine aisément la partie qui consiste à passer du temps sur son instrument et se cultiver artistiquement… mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg…

Le reste, je vais vous le donner en forme de liste, ça serait trop long à développer… :

– conception de projets et montage de dossiers
– communication, graphisme, image
– maîtrise informatique et développement web
– gestion financière – relations institutionnelles
– gestion de l’emploi et des ressources humaines
– marketing et ventes des “produits artistiques”
– organisation des représentations
– technique son, lumière, vidéo

… je termine sur une réflexion à méditer : en tant qu’intermittents du spectacle, nous sommes répertoriés comme chômeurs.

virginie-basset
Virginie Basset

Riches d’engagements : L’artiste incarne l’un des bastions de la liberté d’expression, et la Cie s’en est servi pour amener des réflexions sociales dans nombre de ses spectacles. Par ailleurs la forme même de nos pratiques artistiques de proximité, et le point d’ancrage autour des musiques populaires sont des engagements forts : si vous croyez que c’est à la mode de défendre la bourrée aujourd’hui !

Riches de partage avec le public :
Finalement l’un des fils conducteurs du travail de la Cie Léon Larchet est bien les fonctions sociales liées aux pratiques artistiques, et depuis 10 ans, en Auvergne et ailleurs, chaque rencontre avec le public participe à militer pour une certaine forme de relations humaines.

Riches, donc, mais non rentables. Les critères économiques ne peuvent convenir à l’analyse de nos activités… Il est probable que dans les années à venir nous devrons déployer encore plus d’énergie pour résister au “tout marchand” … parce qu’il est important que la musique continue d’adoucir l’humeur !

Joyeux anniversaire à Léon, et à vous tous sans qui cette Cie n’aurait pas de raison d’être.

Virginie Basset, novembre 2008

 

10 ans,

J’ai rêvé faire un drôle de mélange.

Jac Lavergne

Il y avait déjà des choses qui existaient, oui, des belles parfois. Mais y’en avait pas pour tout le monde, pas en question de quantité mais plutôt en terme de correspondance. C’est ça, je me dis qu’il faut pour chacun des plaisirs qui lui correspondent bien, qui aillent dans la satisfaction de nécessités très naturelles. C’est sans doute un peu comme manger, dormir, faire l’amour, et tant d’autres choses encore. Mais attention, y’en a qui bouffent de la merde, qui dorment sous tranquillisants et qui baisent au hasard..

Il y a quelque chose au fond de nous qui appelle les belles phrases, des phrases faites de mots courtois et de notes caressantes. Il y a quelque chose dans ce fond de nous qui réfute la consommation vulgaire et forcée. Il y a quelque chose en nos coeurs qui nous pousse à chercher une émotion simple et vraie, et sa juste valeur dans un commerce habile et respectueux.

Alors au diable les conflits d’unités, j’ai mélangé dans le chaudron :

– la berceuse et la tempête
– le Japon et le jambon
– la rivière et l’accordéon
– le cabaret et l’Internet
– la fille de la voisine et la facture du garagiste
– les lumières de la nuit et les odeurs du printemps
– et tant d’autres choses encore et encore…

Et ça n’en finissait plus, le bouillon de mes rêveries s’épaississait de mille denrées, et des plus fades aux plus salées, des plus amères aux plus sucrées, elles se mettaient à mijoter, à dégager des saveurs de fraternité, à libérer des odeurs de libres pensées. Alors une merveilleuse vapeur d’humanité s’envolait vers les nuages pour participer au voyage.

Mesdames et Messieurs, je pensais servir pour ces 10 ans ce plat d’anniversaire, mais en fait il nous faut être encore patients, je crois qu’il va falloir laisser reposer…

Jac Lavergne, novembre 2008

Crédit photos – André Hébrard

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